Mainmise flamande sur l’aéroport de Bruxelles national : nouvelle leçon aux francophones naïfs

17 juin 2025

Lib.res prend acte de la décision de la Flandre d’investir 2,77 milliards d’euros dans l’aéroport de Bruxelles dit « National ».

Cet aéroport s’est développé au fil des décennies grâce à des financements publics fédéraux (c’est-à-dire aussi grâce aux contribuables wallons et bruxellois) : investissements directscréation et transformation d’organismes de gestionsoutien aux infrastructures de transportréglementation et sécuritéinterventions en période de crise, ….

Les autorités flamandes ont décidé, il y a plus de 30 ans, de faire de cet aéroport le 2e pôle de développement économique de la Flandre. La prise de contrôle de l’actionnariat qui vient d’être annoncée est l’aboutissement de ce processus. La Flandre s’approprie donc, à son avantage principal, la gestion d’un aéroport au développement duquel tous les contribuables du pays ont participé. Il serait logique que les francophones au gouvernement fédéral exigent une contrepartie substantielle pour financer le développement aéroportuaire en Wallonie. On pourrait commencer par doter l’aéroport de Charleroi/Bruxelles Sud de liaisons ferroviaires et routières performantes vers des grandes villes (Bruxelles, Lille, Liège, Anvers, …), alors que le projet de liaison entre Bruxelles et cet aéroport a été abandonné d’emblée par le ministre de la mobilité Crucke (Engagés) dès sa prise de fonction.

Par ailleurs, la Région flamande ne pourra plus s’abriter derrière l’actionnariat privé pour ignorer les investissements nécessaires à la protection des populations survolées qui subissent les nuisances environnementales et sanitaires générées par l’exploitation de l’aéroport, et dont certains investissements (installation d’un mur anti-bruit, création d’un fonds d’indemnisation des personnes survolées) figurent pourtant depuis des années dans les permis d’environnement délivrés par cette même Région flamande…

Il en va de même pour la mise en œuvre des solutions énumérées par les rapports des experts réalisés dans le cadre des contentieux devant les juridictions, parmi lesquelles on retrouve notamment l’allongement de la piste de décollage 25L pour éviter un maximum le survol de Bruxelles et des zones densément peuplées, l’interdiction des vols de nuit (et ce jusque 7h du matin), ou encore l’imposition de normes strictes concernant le bruit des avions.

Cet épisode est une nouvelle démonstration de la détermination de la Flandre à privilégier et à servir ses intérêts. Certains dirigeants francophones, par manque de clairvoyance et de volonté, ont permis cette mainmise. Les ministres MR et Engagés du gouvernement fédéral auront-ils le courage de demander la juste contrepartie de cette spoliation ? Ou vont-ils se taire pour ne pas déplaire à la NVA ?

Lib.res ose espérer que ce nouveau coup de force de la Flandre serve enfin de leçon aux francophones pour que, par exemple, la Flandre ne s’approprie pas un jour les éoliennes en mer du Nord ou les infrastructures d’Infrabel et de la SNCB, qui ont bénéficié de priorités fédérales en matière d’investissements ?