Le gouvernement De Wever, avec le MR et les Engagés, a décidé d’envoyer les personnes exclues du chômage vers les CPAS, qui seront chargés de tout faire pour les remettre à l’emploi, sous peine de sanctions financières.
On peut douter des réels effets de cette mesure sur le taux d’emploi. On devine déjà, en revanche, l’ampleur de ses conséquences sociales et pour les budgets des communes.
Jusqu’ici, la responsabilité de la réinsertion professionnelle des personnes sans emploi incombait aux régions, via leurs organismes conçus et financés à cette fin (Forem en Wallonie, Actiris et Bruxelles Formation à Bruxelles et VDAB en Flandre). On peut reconnaître qu’en Wallonie et à Bruxelles, ces coûteux organismes n’ont pas toujours eu les résultats escomptés en termes d’accompagnement des chômeurs et de résultats économiques (taux d’emploi).
C’est désormais aux CPAS qu’on va demander, ou plutôt imposer sous peine de sanctions financières, d’« activer » ces nombreux nouveaux bénéficiaires. Les CPAS vont devoir effectuer un important travail administratif (accueil et suivi des personnes, comptes et rapports à rendre pour obtenir une compensation financière dégressive, etc.), assurer un accompagnement socioprofessionnel renforcé (proposer ou intensifier des services d’insertion, de formation, d’aide à la recherche d’emploi), ….
Or, la vocation des CPAS, qui dépendent des communes, est de venir en aide aux personnes les plus fragilisées. Ils n’ont ni les outils, ni le personnel, ni l’expérience nécessaire, ni les budgets pour accompagner les demandeurs d’emploi.
Les CPAS, déjà débordés, vont donc devoir embaucher du personnel et pousser les murs pour faire un travail qui n’est pas le leur et dont se déchargent les organismes dont c’est a priori la raison d’être !
Pendant ce temps-là, Actiris et Bruxelles Formation (sous la responsabilité du ministre Clerfayt) et le Forem (sous la responsabilité du ministre Jeholet), qui auront moins de chômeurs à accompagner et automatiquement moins de travail, conserveront la totalité de leurs dotations, alors qu’il serait logique qu’une partie de leurs moyens soit désormais allouée aux CPAS.
Qui paiera l’addition ? Les chômeurs précarisés, les CPAS débordés et les communes, qui seront sans doute obligées, à plus ou moins court terme, de supprimer des services offerts à la population et/ou d’augmenter les impôts et les taxes pour couvrir ces charges nouvelles. La quasi-totalité des communes seront de ce fait en très grande difficulté budgétaire, voire en faillite.
Cette mesure idéologique de la Flandre, avalisée par le MR et les Engagés, n’est en fait qu’un transfert de charges, absurde et inefficace, de l’Etat fédéral vers les communes. En conséquence, lib.res exige que l’Etat fédéral couvre, dans la durée, la totalité des dépenses que les CPAS devront supporter à la suite de ce transfert de charges. Mais, comme tout indique que ce ne sera pas le cas, lib.res demande qu’au moins 10% du budget d’Actiris (soit 80 millions d’€) et de celui du Forem (soit 120 millions d’€) soient directement affectés par les régions aux CPAS des communes.