Discours prononcé à l’occasion de la première assemblée participative de lib.res

17 novembre 2025

Discours prononcé par Olivier Maingain à Woluwe-Saint-Lambert, le 15 novembre 2025, à l’occasion de la première assemblée participative de lib.res.

Mesdames, Messieurs,
Chères amies, chers amis,

Merci de votre présence si nombreuse à cette première assemblée participative du parti lib.res. Je salue particulièrement les nombreux amis wallons qui sont venus à cette première rencontre pour marquer leur intérêt et leur soutien à notre nouveau projet. avec toute l’équipe des fondateurs du parti, je prends l’engagement d’aller à leur rencontre en Wallonie dans les prochaines semaines et prochains mois. Le calendrier de ces rencontres wallonnes sera communiqué prochainement. Il en sera de même pour nos prochaines réunions aux quatre coins de Bruxelles et de la périphérie.

Pourquoi un nouveau parti à Bruxelles et en Wallonie ? Parce qu’avec l’équipe des fondateurs, nous sommes convaincus que les partis en place ne sont plus que des caricatures d’idéologies déliquescentes, des machines à conquérir le pouvoir pour se partager des influences et des mandats, sans considération pour les vraies attentes des citoyens et pour l’intérêt général. La longue crise politique à Bruxelles pour la formation d’un gouvernement régional, doublée aujourd’hui d’une crise entre les partenaires de la majorité Arizona au fédéral, prouve que ces partis n’ont plus de l’action politique qu’une vision repliée sur eux-mêmes. Ils sont bien incapables, surtout quand les circonstances sont difficiles, d’assumer leurs responsabilités. Tous ces partis sont des partis de l’impuissance et de la vacuité.

Faut-il se résoudre à ce déclin imposé par des présidents de parti plus soucieux de leur présence sur les réseaux sociaux, à la perpétuelle recherche de la phrase qui détruit leurs partenaires de majorité ou possibles partenaires, et qui n’ont plus le sens de l’Etat ?

C’est ce terrible constat qui nous a amenés à nous engager dans la fondation du nouveau parti lib.res, pour libres et responsables.

Libres des pesanteurs institutionnelles, politiques ou sociétales voulues par toutes les forces conservatrices, plus préoccupées de préserver leurs zones d’influence.

Responsables car il faut redonner ses lettres de noblesse à la politique, sa crédibilité, son sens le plus haut et le plus digne. Et singulièrement pour les francophones de Bruxelles et de Wallonie, qui n’ont plus de repère, de boussole, car tous les partis actuels sont sans ambition pour Bruxelles et la Wallonie et l’unité des francophones. Il est consternant de constater que la plupart des responsables politiques francophones sont inféodés intellectuellement et donc politiquement à ce qui se dit, se pense et se fait en Flandre, et s’éloignent ainsi du vécu des Wallons et des Bruxellois. Nous n’ignorons pas ce que peut-être le dynamisme économique de la Flandre, même s’il s’essouffle, mais nous savons aussi que le projet politique dominant en Flandre est fondé sur la Flandre d’abord, par elle-même et pour elle-même. Qui pourrait reprocher cette volonté de réussite dès lors qu’elle ne se ferait pas au détriment de la Wallonie et de Bruxelles ? Je l’ai toujours dit : nous reprochons moins à la Flandre de savoir ce qu’elle veut pour elle-même qu’aux responsables politiques francophones de ne pas savoir ce qu’ils veulent pour Bruxelles et la Wallonie.

Le marasme qui caractérise aujourd’hui la situation politique à Bruxelles est la preuve de cette absence de vision des partis francophones pour l’avenir de nos régions. Les récentes décisions du gouvernement wallon ou de celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles prouvent aussi qu’ils s’en tiennent à de petits calculs comptables sans souffle pour les politiques qu’ils doivent mener. Aucune vision pour un enseignement de qualité, qui doit être fondé sur un projet pédagogique concerté avec les acteurs de l’enseignement ; aucune volonté de remettre de l’ordre dans les institutions francophones ; aucune ambition pour une réelle réindustrialisation de la Wallonie ou le redéploiement économique de Bruxelles ; aucune lucidité sur les enjeux environnementaux et la manière de répondre à la légitime préoccupation des jeunes générations pour préserver leur avenir sur une planète habitable ; aucun sens de la justice pourtant nécessaire au rétablissement de la confiance des citoyennes et des citoyens dans les institutions démocratiques. On n’assiste qu’à des règlements de compte et à des comptes budgétaires falsifiés. C’est une honte.

Le projet politique de lib.res se veut lucide et courageux. Pas de promesses intenables, pas de simplismes racoleurs. De l’exigence intellectuelle, de la rigueur budgétaire, de la rupture avec les traditions paralysantes, de l’audace pour dire ce qui est juste et nécessaire et de la volonté pour agir de manière cohérente et constante. Voilà ce qui caractérise le style politique de lib.res.

Voilà pourquoi nous nous donnons le temps nécessaire pour élaborer un programme complet répondant aux enjeux actuels.

Un mot sur notre méthodologie : tous les dimanches, le groupe des fondateurs se réunit, avec des experts ou des personnes désireuses d’apporter leur expérience. Nous élaborons des propositions significatives, novatrices, à soumettre à l’avis des membres et de toute personne intéressée. C’est le sens de cette première réunion participative. Les rapporteurs des thèmes déjà traités vous accueilleront pour recueillir vos avis, critiques et propositions. Cette méthode est exigeante et prend du temps mais nous souhaitons construire notre projet politique sur du vrai et du solide. C’est dire que vous serez invités à d’autres consultations. Puis-je aussi vous proposer de partager auprès de vos amis et connaissances nos messages publiés, notamment sur notre site Internet, www.libres.be. Consultez-le souvent pour connaître nos prises de position et nos engagements.

Alors oui, nous vous proposons déjà des fondamentaux.

Le tout premier est l’exigence de l’exemplarité des mandataires politiques. Par leurs dérives, leurs manigances et leurs escroqueries, trop de politiques de tous partis, même au plus haut niveau des responsabilités, ont porté atteinte de manière insupportable à la crédibilité du monde politique et ont sapé la confiance démocratique. La sanction de leurs délits doit être exemplaire, mais cela ne suffit pas. Il faut mettre fin à toutes les tentations, à commencer par les privilèges et autres avantages que s’octroient de manière éhontée les décideurs politiques. Comment justifier qu’un ministre du gouvernement régional bruxellois bénéficie d’une indemnité de logement et encore d’une indemnité de « domesticité » pour son domicile privé ? Comment justifier qu’une ministre ou un ministre bruxellois du gouvernement fédéral bénéficie d’un logement de fonction et/ou d’une indemnité de logement alors qu’il habite à Bruxelles ? Et tant d’autres avantages injustifiés. lib.res formule des propositions radicales pour mettre fin à ce système souvent occulte. Par exemple, lib.res demande la fin des cabinets ministériels, ces refuges pour membres de l’appareil des partis. Ou encore de tout complément de revenus, sauf le revenu lié à l’exercice de la fonction principale, pour tous les mandataires ayant des responsabilités particulières (ministres, députés, bourgmestres, échevins, présidents de CPAS ou d’instances publiques importantes).

lib.res propose aussi de simplifier drastiquement les institutions et organismes publics de l’espace francophone. Ainsi, il faut remettre en avant l’exigence de la fusion de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Région wallonne, la suppression d’institutions bruxelloises comme la COCOF ou la COCOM et la reprise de leurs compétences soit par la Fédération, soit par la Région bruxelloise. La suppression de nombreuses intercommunales en Wallonie, ou leur fusion par corps de métier. La fin de la scandaleuse double majorité, francophone et néerlandophone, au Parlement bruxellois qui conduit à sa paralysie pour former un gouvernement. lib.res soutient l’instauration d’un système électoral au niveau régional identique à celui qui est en vigueur pour les communes, ce qui leur permet d’être le niveau de pouvoir le plus opérationnel à Bruxelles.

lib.res fait de la qualité de l’enseignement et de la formation sa grande priorité politique car c’est la première vraie et principale richesse des francophones. Le projet pour l’enseignement francophone doit être fondé sur un seul objectif : amener le plus grand nombre d’élèves à atteindre par la reconnaissance de leurs aptitudes, quelles qu’elles soient, le plus haut niveau de formation et de compétences. Pour l’avenir de notre enseignement, nous n’avons que faire des idéologues sans réflexion pédagogique, des décideurs sans respect du travail et de l’engagement des équipes de nos écoles. Nous avons besoin de continuité dans les objectifs fixés pour l’avenir de notre enseignement, nous avons besoin de considération pour le travail des enseignants, des directeurs d’école et de tous les personnels qui concourent au bien-être des élèves. Pour que les élèves progressent, il faut de l’exigence, mais aussi de l’affection, car nous le savons tous : des enfants en difficulté d’apprentissage doivent être mis confiance pour pouvoir révéler tous leurs talents. Il n’est pas d’enfants incapables, il n’est que des enfants rejetés ou abandonnés parce que jugés incapables. Le « marche ou crève » des tenants de l’apparence de la réussite n’ont pas de projet pédagogique, ils sont les fossoyeurs de notre enseignement et de notre prospérité future.

lib.res mène aussi une réflexion sur l’avenir de la sécurité sociale et son financement. Notre système de protection sociale mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale a atteint ses limites. Son financement repose pour plus de 50 % sur la fiscalité et de moins en moins sur les cotisations de sécurité sociale payées par les employeurs et les travailleurs. Sa complexité, l’éclatement de certaines compétences quant aux modes d’intervention sociale entre les différents niveaux de pouvoir, son incapacité à faire face à la montée de la pauvreté dans des couches de plus en plus larges de la population, démontrent que c’est le filet de la protection sociale qui doit être remaillé et financé sur d’autres bases, par un abandon progressif du financement par les cotisations de sécurité sociale et l’établissement d’une fiscalité plus juste et mieux répartie sur l’ensemble des revenus, quelle qu’en soit la source. Nous formulons d’ores et déjà une proposition forte et significative : l’attribution du revenu d’intégration sociale, actuellement gérée par les CPAS avec les charges qui en résultent pour les finances communales et les incertitudes quant à la pérennité de ce régime, devrait être exclusivement de la compétence du fédéral. Il en résulterait une intégration des différents régimes d’aide pour faire face aux aléas de la vie sur la base de critères plus certains et plus objectifs. On pourrait ainsi tendre vers un régime universel d’octroi d’une allocation garantissant la dignité humaine et accompagné de mesures de formation, de retour à l’emploi ou à une activité en rapport avec le statut de la personne.

L’évolution du marché du travail et la réalité du travail lui-même seront profondément modifiées dans les années qui viennent. L’introduction de l’intelligence artificielle dans les procédés de création et de production changera radicalement le sens même du travail, le temps de travail et, plus encore, la manière de se former. Nous devons anticiper cette évolution majeure de notre société en donnant les moyens aux jeunes et au plus grand nombre de comprendre les enjeux, d’en maîtriser les effets et de rester libres face à toute tentation d’une soumission aux illusions de savoir et de pouvoir que l’intelligence artificielle suscitera. Contrairement à ce que voudraient certaines entreprises dominant ce secteur, l’absence de toute règle édictée par l’autorité publique reviendrait à laisser à une petite oligarchie le pouvoir d’une tyrannie nouvelle. Le rôle de l’État, capable d’anticiper et de prévoir cette évolution, sera majeur.

lib.res prend également des engagements clairs pour préserver l’habitabilité par toutes et tous de notre planète. La lutte contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la biodiversité ne peut conduire à une sélection entre les personnes, entre les êtres humains ou entre les êtres vivants. Aujourd’hui, nous avons la responsabilité de permettre aux générations qui viennent, de ne pas subir une sélection par élimination, notamment selon les capacités financières qu’elles auront ou non pour faire face à cette menace planétaire. C’est une question d’égalité, de solidarité. Les climatosceptiques sont des criminels en puissance. Ils nient des constats scientifiques incontestables, ils sont les obscurantistes des temps actuels.

Nous faisons clairement le choix d’une écologie responsable et non punitive, fondée sur la rationalité des constats et l’adhésion collective et individuelle aux décisions et comportements qui doivent nous préserver du pire. Préserver l’habitabilité de notre planète sera la plus grande victoire de l’humanité au XXIe siècle.

Vous aurez compris : lib.res a de la lucidité et de l’audace. Je devrais encore vous parler de bien d’autres thèmes. Nous y travaillons et nous vous inviterons à les découvrir dans les prochains mois. Je ne saurais trop remercier tous les bénévoles qui consacrent du temps, beaucoup de temps, au lancement de votre parti. C’est un pari osé, mais l’urgence est là. L’urgence de dire des vérités et de poser des choix en conséquence.

Rejoignez-nous, n’hésitez pas à nous faire part de vos réflexions et propositions. lib.res est un parti citoyen. Nous n’avons ni financement public, ni soutien d’un lobby quel qu’il soit. Et nous en sommes fiers. Cette indépendance garantit notre liberté de pensée et notre responsabilité d’action. Il n’est qu’aux citoyens que nous devons rendre des comptes et à vous pour commencer. Nous serons au rendez-vous des prochaines élections. Nous en reparlerons le moment venu.

Un dernier mot : à tous ceux qui voudraient nous ramener aux vieux clichés des positionnements politiques, je leur dis que nous sommes ni de droite ni de gauche car ces positionnements ont conduit à l’échec de la gestion publique, à trop d’échecs.

lib.res a le sens de l’Etat car aujourd’hui, c’est ce qui fait le plus défaut à la plupart des mandataires politiques. Qui dit sens de l’Etat suppose qu’on réhabilite le rôle de l’Etat, ce qui est la mission première des responsables politiques. Or, il y a ceux qui ont dévoyé l’Etat en le réduisant à une succursale de leur parti et qui s’en sont approprié les leviers à des fins partisanes, il y a ceux qui dénigrent l’Etat et mettent en péril son autorité et la sécurité des citoyens à force de le priver de ses capacités d’action. Nous ne sommes pas de ceux-là. Nous redonnons force à l’Etat pour qu’il soit protecteur, juste, intègre et prospectif, car il n’y a pas de cohésion d’une société sans acceptation de règles communes et sans reconnaissance que l’Etat est un bouclier. Le contexte international et national nous en dit toute la nécessité. lib.res est pour un État progressiste, laïque, démocratique et citoyen. lib.res prépare avec vous cet État renouvelé et prometteur.